Coin salarial et fiscal

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Coin salarial et fiscal dans les principaux pays de l'OCDE en 2011 pour 7 configurations familiales et de salaires différentes (source : données OCDE).
Coin salarial et fiscal pour une configuration familiale dans les principaux pays de l'OCDE en 2006.

Le coin salarial et le coin socialo-fiscal (ou coin socio-fiscal, ou coin fiscalo-social, ce dernier étant parfois incorrectement dénommé coin fiscal) sont deux mesures voisines utilisées pour calculer le degré de taxation total des revenus du travail.

Le niveau de ces coins a une influence sur le taux de chômage et le taux d'emploi au sein d'un pays.

Définitions

Le coin socialo-fiscal évalue le coût total d'un travailleur pour l'entreprise, par rapport au salaire net que reçoit ce salarié. Il se compose du coin fiscal (coût de la TVA et de l'impôt sur le revenu par rapport au salaire net) et du coin social (coût des cotisations sociales salariales et patronales)[1].

Le coin salarial mesure l'écart entre le coût total d'un travailleur pour l'entreprise et le pouvoir d'achat réel conservé après prélèvements obligatoires par ce travailleur.

Les deux concepts sont donc très proches, la différence entre coin salarial et coin socialo-fiscal tient à la prise en compte des termes de l’échange intérieur (ou « taux de change interne ») entre l'entreprise et le salarié, c'est-à-dire la différence entre les prix à la consommation et les prix à la production.

Ces concepts prennent également compte des transferts monétaires accordés dans le cadre des programmes publics d’aide sociale (Impôt négatif sur le revenu, par exemple Prime pour l'emploi en France).

Calcul

En pratique, le coin fiscal se calcule en exprimant la somme de l'impôt sur le revenu des personnes physiques, des cotisations salariales et patronales de sécurité sociale et des éventuelles taxes sur les salaires, diminuée des prestations, en pourcentage des coûts de main-d'œuvre.

On peut exprimer plus formellement ce calcul.
Soient :

  • W {\displaystyle W} , le salaire brut d'un travailleur déterminé par son contrat de travail;
  • c p {\displaystyle c_{p}} , le taux des cotisations patronales;
  • c e {\displaystyle c_{e}} , le taux des cotisations de sécurité sociale du travailleur;
  • t e {\displaystyle t_{e}} , le taux moyen d'imposition de l'impôt sur le revenu des personnes physiques;
  • t c {\displaystyle t_{c}} , le taux de la taxe sur la consommation;
  • P p {\displaystyle P_{p}} , l'indice des prix à la production;
  • P c {\displaystyle P_{c}} , l'indice des prix à la consommation.


Le coût total d'un travailleur pour l'entreprise est donné (en termes réels, et non pas nominaux) par :

C T = W ( 1 + c p ) P p {\displaystyle CT={\frac {W(1+c_{p})}{P_{p}}}} .

Le pouvoir d'achat total du travailleur en termes réels est donné par :

P A = W ( 1 c e ) ( 1 t e ) P c ( 1 + t c ) {\displaystyle PA={\frac {W(1-c_{e})(1-t_{e})}{P_{c}(1+t_{c})}}} .

Le coin salarial est alors donné par :

ρ s = C T P A = W ( 1 + c p ) P p W ( 1 c e ) ( 1 t e ) P c ( 1 + t c ) = ( 1 + c p ) ( 1 + t c ) ( 1 c e ) ( 1 t e ) ( P c P p ) {\displaystyle \rho _{s}={\frac {CT}{PA}}={\frac {\frac {W(1+c_{p})}{P_{p}}}{\frac {W(1-c_{e})(1-t_{e})}{P_{c}(1+t_{c})}}}={\frac {(1+c_{p})(1+t_{c})}{(1-c_{e})(1-t_{e})}}\left({\frac {P_{c}}{P_{p}}}\right)} .

Et le coin socialo-fiscal, qui ne prend pas en compte l'influence des prix, est donné par :

ρ f = W ( 1 + c p ) W ( 1 c e ) ( 1 t e ) 1 + t c = ( 1 + c p ) ( 1 + t c ) ( 1 c e ) ( 1 t e ) {\displaystyle \rho _{f}={\frac {W(1+c_{p})}{\frac {W(1-c_{e})(1-t_{e})}{1+t_{c}}}}={\frac {(1+c_{p})(1+t_{c})}{(1-c_{e})(1-t_{e})}}} .


Le terme ( P c P p ) {\displaystyle \left({\frac {P_{c}}{P_{p}}}\right)} représente les termes de l'échange et constitue une composante relativement volatile du coin salarial. Le coin socialo-fiscal est plus stable que le coin salarial. Dans la littérature, on trouve généralement le coin fiscal présenté sous la forme : ( ρ f 1 ) 100 {\displaystyle (\rho _{f}-1)*100} , et de même le coin salarial sous la forme ( ρ s 1 ) 100 {\displaystyle (\rho _{s}-1)*100} .

En pratique

Les pouvoirs publics ont diminué les coins salariaux au cours des années 2000 dans la plupart des pays de l’OCDE, en partie grâce à la concurrence fiscale, mais également par volonté de faire entrer davantage de personnes dans la population active de manière à compenser les effets du vieillissement des populations sur la production et la richesse nationale[2].

Pays Coin salarial (2015)[3]
Belgique 55.3
Autriche 49.5
Allemagne 49.4
Hongrie 49.0
France 48.5
Italie 47.9
Finlande 43.9
République tchèque 42.8
Suède 42.7
Slovénie 42.6
Portugal 42.1
Slovaquie 41.3
Espagne 39.6
Grèce 39.3
Estonie 39.0
Turquie 38.3
Luxembourg 38.3
Norvège 36.6
Danemark 36.4
Pays-Bas 36.2
Pologne 34.7
Islande 34.0
Japon 32.0
États-Unis 31.7
Canada 31.6
Royaume-Uni 30.8
Australie 28.4
Irlande 27.5
Suisse 22.2
Corée du sud 21.9
Israël 21.6
Mexique 19.7
Nouvelle-Zélande 17.6
Chili 7.0

Le coin salarial pour les couples mariés est très élevé en France par rapport aux autres pays développés de l'OCDE[4].

Pour les personnes seules, le coin salarial en France a beaucoup baissé au cours des années 2000-2005, et se situe au-dessus de la moyenne de l'OCDE et de l'Union européenne[5].

Notes et références

  1. définition du CEPII, page 6.
  2. étude de l'OCDE, 2006
  3. (en) « Tax - Tax wedge - OECD Data », sur theOECD (consulté le )
  4. tableau OCDE, coin salarial couple, 2000-2005
  5. tableau OCDE, coin salariel célibataires, 2000-2005

Voir aussi

Liens externes

  • coin salarial en France : étude du Sénat
  • icône décorative Portail de l’économie